Jusqu'à dimanche soir, à vous de traquer les objets rares. Ils existent, on les a rencontrés. Z'avez pas vu Mirza ? Non : mais on a trouvé Milou et Tintin, à la foire à la brocante, sur un bristol signé Hergé. Chien pour chien, le second, à coup sûr, est de collection. Avis aux amateurs, et à tous les "agents renifleurs" qui jusqu'à dimanche vont fouiner, fouiller, comparer, marchander. Acheter aussi, on l'espère, les
exposants n'étant pas seulement là pour respirer l'air du temps ! C'est donc bien parti pour la 22ème édition de cette fête à la chine, organisée par le Comité Voltaire. De quoi reléguer aux oubliettes ce fichu rendez-vous de 92, tristement amputé pour cause de blocus routier. Les brocanteurs sont quatre-vingt cette année, installés sur la place Voltaire et Mistral. Ils arrivent du Nord et du Midi, et chez eux, on trouve de tout : le paquet de bigoudis à 10 frs, et les fourchettes ouvragées-argentées. Le beau meuble ancien et l'horloge à retaper, les verres taillés pas toujours appareillés et la porcelaine fine ; le drap brodé et la fringue début de siècle. Le bonheur du promeneur, c'est justement ce fouillis apparent, ce jeu de piste qui entre mille et une pièces anecdotiques, révèle l'objet rare ou particulier. Qui provoque l'étonnement, la surprise, l'envie. Immense magasin de souvenirs que cette écume d'un quotidien révolu, venant s'ancrer dans le nôtre. Comme pour lui donner un supplément d'âme.
Chemins de traverse
Dans la traque du premier jour, on a cherché les must, juste pour se donner le vertige de l'acheteur. Coup de cœur, côté bijoux, pour cette broche Napoléon III avec saphir de Ceylan pour un bracelet des années 40 et un papillon endiamanté. Mais il y a aussi quelques jouets anciens qui nous font de l'œil ; à deux, trois et quatre roues, pour faire rêver tous les minots du monde. Entre la Bugatti 1933 (une Euréka) et la Harley turquoise des années 50, on a le choix de l'enfant-roi. Encore que le mini-side, là... D'un stand l'autre, ça sent bon la cire, et presqu'aussi bon la poussière ! Mais si, mais si. D'ailleurs quand c'est trop net, trop clean, trop restauré, vous et nous, on se méfie. Et puis on cause, on questionne, on apprend. Elle vient d'où cette poupée là ? Ce n'est pas une poupée, mais une vierge du 18ème Catalane, et vêtue de deuil, pour sa sortie du matin de Pâques. Et ce petit vase qui s'étire dans le dos d'une sirène ? Un biscuit style Marjorel, qui voisine avec quelques jolies barbotines... Bref, il suffit de bien regarder pour succomber. Si le ciel et votre banquier ne vous le rendent pas, les brocanteurs, eux seront ravis. Il faut dire que ces professionnels souffrent comme tout le monde de la crise économique. "En deux ans, mon chiffre d'affaires sur le beau meuble a chuté de 75 %" confie l'un d'eux. "L'activité se replie sur des objets de moindre valeur". Souhaitons donc bonne chance à cette foire, dont l'objectif est commercial et d'animation tout à la fois, puisqu'elle fait découvrir le quartier. Le dynamisme du comité Voltaire a fait ses preuves depuis belle lurette. Et si, parole de président, il y a encore quelques ronchons pour persifier, il y aura surtout plein de touristes et de Narbonnais pure souche, qui se feront un vrai plaisir de ce vagabondage.